On mesure, à la diversité de ses éléments, les différents services que ce système d'adduction d'eau de Castelnau était destiné à remplir. Il assurait, en effet, quatre types de fonctions :

• FONCTION MILITAIRE : l'approvisionnement en eau de la citerne du château fort pour permettre de soutenir sa défense.
• FONCTION CIVILE : l'alimentation du village en eau.
• FONCTION AGRICOLE : l'irrigation des terres proches du village.
• FONCTION INDUSTRIELLE : car c'est bien ainsi que l'on peut appeler l'exploitation de quatre moulins à grain et à huile, mus par l'énergie hydraulique. Ces moulins servaient à trois sortes de fabrications : la farine alimentaire, l'huile et des farines pour le bétail.
  L'enquête sur les commodités du Rouergue nous apprend, qu'en 1552, on produisait à Castelnau du Lévézou "quelque nourriture de bétail". Cette nourriture consistait, d'ordinaire, en une farine grossière que l'on appelait "la mouture" et qui semble bien avoir été une production locale due à l'activité des quatre moulins.
  

Ils ont donc revêtu dans la vie du village une grande importance, non seulement parce qu'ils produisaient la farine, base de toute alimentation d'alors, mais également parce qu'à une époque où les seules énergies couramment employées étaient l'effort de l'homme et la traction animale, ces machines utilisant la force motrice de l'eau, faisaient figure d'industrie lourde.

A ce titre, seuls des gens puissants économiquement avaient les moyens d'en établir. Ce furent les seigneurs qui se chargèrent de ce véritable service public pour lequel les usagers versaient les "banalités" ou redevances correspondant au droit d'utilisation et aux charges d'entretien.

 

Plan relevé par D. Salvan en 1940
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Le système remonte à l'époque médiévale et paraît dans son ensemble bien antérieur au début du XVème siècle où apparaissent les premiers documents écrits que nous connaissions.

Le plus ancien des moulins existant actuellement est attesté en 1433 ; à cette époque, il existait déjà deux de ces moulins. Les deux autres ont été construits entre le début du XVème et la moitié du XVIIème siècle.

En 1665, le compoix de Castelnau fait état de : "Quatre molins à bleds divises l'un de l'autre ou y a une maison a chacun, contre la murailhe de ville et souba la poutre dicte de Sainct Anthoine ; comprinses lesdictes maisons, tines et estangs pour recevoir l'eau (le moulin) ; le plus haut estimé le meilleur".

Au XVIIIème siècle, une partie de l'aqueduc à ciel ouvert a été couverte de dalles le long du faubourg du Griffoul. Au cours du XIXe, l'un des moulins a disparu. Les trois subsistants ont fonctionné encore longtemps après la dernière guerre mondiale. A partir des années 1960, ils seront abandonnés.

Le cours d'eau qui traversait le village depuis des siècles pour le plus grand intérêt de tous les habitants a subi diverses altérations. De sorte que pendant quelque temps, l'ensemble du système s'est trouvé à l'abandon. Mais on reprend aujourd'hui conscience de sa valeur et de l'utilité de le restaurer.

 

LA CONCEPTION D'ENSEMBLE

L'AQUEDUC

Afin d'amener l'eau sur la ligne de crête que constitue le rocher sur lequel est assis Castelnau, les artisans du Moyen Âge ont dû édifier un aqueduc pour partie à découvert, pour partie souterrain.

Il constitue l'épine dorsale de notre système et conduit l'eau du plateau directement dans la basse-cour, au pied des murailles de la partie supérieure.

De là, c'est en souterrain de nouveau, qu'il franchit le mur d'enceinte extérieur pour déboucher au pied des remparts du village. Il emprunte alors, tantôt découvert, tantôt sous forme de conduite en pierre taillée, le ravin dit du " Ruisseau des Moulins " à cause de ceux qui s'étagent le long de sa forte pente.

Enfin, ce n'est qu'après avoir irrigué les prés avoisinants que l'eau est rendue à son parcours naturel vers un affluent de la Muse.

Échelonnées le long du cours de cet aqueduc dont la fonction première a été semble-t-il d'amener l'eau au château de Castelnau, on trouve un certain nombre d'installations également très anciennes.

 

LES RÉSERVOIRS

Ces réservoirs jouaient le rôle de collecteur et de régulateur du débit. Le plus important, appelé "l'étang", se situe en amont du village. L'étang était destiné à recueillir les eaux du plateau et fonctionnait comme collecteur dont dépendait l'alimentation de l'ensemble du système.

Un second réservoir régulateur, de taille beaucoup plus modeste, se trouvait au niveau du deuxième moulin. Les moulins inférieurs étaient sans doute pourvus d'un dispositif analogue.

A la série des réservoirs, on peut rattacher la citerne du château.

LA CITERNE DU CHÂTEAU

Son rôle était d'approvisionner la place en eau ; mais par sa situation naturelle en amont, elle avait pour effet de donner la pression nécessaire au fonctionnement des moulins de Castelnau.

LE SYSTÈME D'IRRIGATION

Sur l'aqueduc central se greffaient encore plusieurs trop-pleins ou dérivations destinés à l'irrigation des terres alentour du village. Dans la suite des temps, des conventions vinrent régler, entre les différents propriétaires, les jours et heures de la semaine durant lesquels l'eau devait emprunter telle ou telle dérivation.

LES MOULINS

Enfin, il existait naguère le long de cet aqueduc une série de trois, autrefois quatre, moulins à grain et à huile.